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xiv
PRÉFACE

renier, avec moins de gaminerie rapinesque et plus de poétique éclat, à cette Négresse du Parnassiculet qu’hypnotisait de ses coruscations


Un shako d’artilleur orné d’un pompon vert.


Mais pourquoi m’évertuerais-je à lui rechercher des ascendants littéraires, alors qu’il n’a pas eu de modèle et n’aura pas d’imitateur, sa pompeuse et mirifique et retentissante Épitre testamentaire, par laquelle, évoquant des pompes funèbres insoupçonnées du miteux Chauchard, le poète ordonne, pour escorter son cercueil, « ce coffre d’orichalque ocellé de sardoines », un inégalable cortège où les esclaves d’Orient, les porteurs velus de laticlaves jaunes et les bardes édités chez Messein défilent en compagnie d’une faune peu commune — couaggas, hircocerfs, zébus, zèbres, girafes — luxe d’Empire à la fin de la Décadence, que pimentent narquoisement des causticités ultra-modernes, bouffonnes truculences tout-à-fait dignes d’un Héliogabale des quat’z’arts.

Vieil habitué du Soleil d’or, jamais, de ma demi-mondaine de vie, jamais je n’oublierai la formidable acclamation qui ébranla les murs du sous-sol où s’entassaient, chaque semaine, tant de poètes, le jour que leur fut récitée l’Épitre falote et testamentaire pour régler l’ordre et la marche de mes funérailles. Dans l’opaque fumée de la tabagie en liesse, les bravos crépitaient furieusement en l’honneur du porte-lyre absent dont