Page:Fourest - La Négresse blonde, 1909.djvu/58

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Mais soudain la voilà très grave ! Sa mimique
Me dicte et je sais lire en ses regards profonds
Des vocables muets au sens métaphysique
Je comprends son langage et nous philosophons :

Elle croit en un Dieu par qui le soleil brille
Qui créa l’univers pour le bon chimpanzé
Puis dont le Fils-Unique, un jour s’est fait gorille
Pour ravir le pécheur à l’enfer embrasé !

Simiesque Iaveh de la forêt immense
Ô Zeus omnipotent de l’Animalité,
Fais germer en ses flancs et croître ma semence,
Ouvre son utérus à la maternité

Car je veux voir issus de sa vulve féconde
Nos enfants libérés d’atavismes humains
Aux obroontchoas que la serpe n’émonde
Jamais en grimaçant grimper à quatre mains !…

Et dans l’espoir sacré d’une progéniture
Sans lois, sans préjugés, sans rêves décevants
Nous offrons notre amour à la grande Nature,
Fiers comme les palmiers, libres comme les vents !!!