Page:Fourest - La Négresse blonde, 1909.djvu/57

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Mon épouse est loyale et très chaste et soumise
Et j’adore la voir, aux matins ingénus,
Le cœur sans artifice et le corps sans chemise,
Au soleil tropical, montrer ses charmes nus ;

Elle sait me choisir ignames et goyaves ;
Lorsque nous cheminons par les sentiers étroits,
Ses mains aux doigts velus écartent les agaves,
Tel un page attentif marchant devant les rois,

Puis dans ma chevelure oublieuse du peigne
Avec précaution elle cherche les poux
Satisfaite pourvu que d’un sourire daigne
La payer, une fois, le Seigneur et l’Époux.

Si quelque souvenir de souleur morte amasse
Des rides sur mon front que l’ennui foudroya,
Pour divertir son maître elle fait la grimace,
Grotesque et fantastique à délecter Goya !

Un étrange rictus tord sa narine bleue,
Elle se gratte d’un geste obscène et joli
La fesse puis s’accroche aux branches par la queue
En bondissant, Footit, Littl-Tich. Hanlon-Lee !