Page:Fourest - Le Géranium ovipare, 1935.djvu/49

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que l’on voit ne mâcher que pensum et qu’aoristes[1],
quittant gris le comptoir poisseux des liquoristes,
sans pitié le brutal meurtrira de soufflets
ce minois que l’aurore a peint de ses reflets.
Vous ! belle comme un cygne impollu de Norvège,
vous, femme de Pierrot ? Ça, madame, rêvé-je ?
Oh ! profanation ! cet affreux mime osa,
tel un colimaçon sur l’or d’un mimosa
met sa bave d’argent, sur votre lèvre, ô femme
adorande, poser sa lèvre ? Ah ! c’est infâme !
Colombine, quittez, quittez ce meurt-de-faim
et jetez un regard à vos pieds ! Car enfin
si je parais moins beau que l’Hercule Farnèse
je peux me proclamer un bourgeois à son aise !
Viens ! tu serais pour moi Chimène et doña Sol
et je te meublerais un petit entre-sol
en un coin que je sais du boulevard Montmartre
et je t’habillerais de dentelle et de martre,
d’hermine, de vison, de skunks, de chinchilla.
Te plaît-il au Lido d’avoir une villa
de marbre ? En attendant, je veux par ministère
de maître Champetier de Ribes, mon notaire,
te céder ma maison boulevard Saint-Michel.
Tharsis, Central-Mining, Royal-Dutch, de Beers, Shell,

  1. L’Académie prononce « oriste ».
    (Note de l’Auteur).