Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/31

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volupté, il partageait l’avis de Pétrarque, et les mœurs de tels pécheurs valent bien celles des apôtres du rigorisme, tels que celles d’Alexandre Borgia, saint Bernard, etc. Quand le corps social atteint à l’opulence, les dogmes deviennent graduellement incompatibles avec les mœurs de la classe supérieure qui s’en rit en secret comme de momeries admises pour museler la populace, et il se manifeste une tendance générale à modifier le dogme. Cette rébellion n’avait pas lieu dans la religion mythologique. On n’a pas vu s’élever contre elle un seul schisme remarquable, tandis que le catholicisme en a produit d’innombrables.

La cause de ce soulèvement est le système répulsif, le dogme antivoluptueux de la doctrine romaine. Elle se fait répugner et non pas aimer. Chacun s’indigne en secret contre elle et saisit les occasions de s’affranchir des servitudes qu’elle veut imposer à toutes les classes. Elle ne met en jeu que des ressorts oppressifs et diamétralement opposés à l’esprit de son auguste fondateur. Jugeons-en par les sept indices suivants :

1o En feignant de protéger l’autorité, elle ne tend qu’à l’asservir. Les papes, dans leurs jours de triomphe, ont traité les rois comme des esclaves. Les rois n’ont échappé à cet [xxxxxxxxxx] que dès l’instant où ils ont pris le parti de la résistance.

2o Elle persécute bien mieux les peuples par l’odieux système de l’inquisition. S’il ne s’est pas étendu partout, c’est que les peuples ont résisté ; mais il n’a pas tenu à la cour de Rome que l’inquisition ne devînt universelle et ne fît peser sur tous les peuples policés un régime semblable à celui de Robespierre.

3o Elle abandonne les chrétiens pauvres et captifs en Barbarie sans faire aucune démarche près des souverains pour provoquer leur délivrance et la répression des pirates. Elle a suscité des croisades immensément ruineuses pour conquérir d’inutiles reliques dont elle voulait faire un objet de spéculation lucrative, et elle n’a fait, lors de l’assemblée des princes d’Europe à Vienne, aucune sollicitation pour les mesures à prendre pour la délivrance des captifs.

4o Elle encourage les mœurs sanguinaires et infâmes, témoin la coutume du stylet, qu’on ne voit que dans les pays fanatisés comme l’Espagne et l’Italie. Elle porte la même férocité dans le prosélytisme, témoin l’Amérique, dont elle a fait, sous prétexte de conversion, exterminer les indigènes. Elle tolère constamment la traite des nègres qui, outre l’infamie et la cruauté attachées à ce trafic, introduit en pays chrétien la coutume des sérails et inocule aux colons les mœurs des satrapes d’Asie.

5o Elle professe l’obscurantisme ; elle excommunie et persécute les hommes de génie, et si les lumières ont enfin pris quelque essor, ce