Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/32

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n’a été qu’à force de résistance au système romain et par l’influence des régions schismatiques ou l’appui de princes amis de la gloire et rétifs aux insinuations superstitieuses.

6o Elle paralyse l’industrie qu’on voit languir dans les lieux de sa domination. L’état de Rome est en friche ; l’Espagne, pays le plus fanatisé, est inculte et presque barbare. La plupart des régions catholiques sont en arrière de culture et de bonne administration en comparaison des protestants, et présentent un aspect de misère et de désordre, même au sein de l’abondance. Elle entrave même l’industrie en désunissant les nations par sa propagation, qui a fait exclure les Européens de la Chine, du Japon et autres empires.

7o Enfin elle professe l’égoïsme social en refusant de contribuer aux charges publiques et de rendre à César ce qui est à César. Elle causa la révolution française en appuyant le refus que fit le clergé de subvention proportionnelle au déficit de 56 millions que ce corps aurait pu et dû supporter à lui seul, en contribuant pour un huitième de son revenu ; ce qui eût prévenu toutes les révolutions.

En résumé le système romain est en tous sens l’opposé de la doctrine de Jésus-Christ, et il ne faut pas s’étonner que Newton, dans une critique outrée, ait donné au pape un titre odieux. Sans admettre ces incartades, on peut du moins considérer le système romain et ses empiétements tant de fois repoussés comme un ennemi intérieur contre qui les diverses classes, peuples et rois, sont obligés de se tenir en défensive permanente. Les uns, comme Venise, s’étaient garantis par la création d’un Patriarche, d’autres par des dissidences partielles ou réserves des libertés nationales. Toutes ces mesures de résistance devaient faire sentir le besoin d’une réforme dans le dogme. Il fallait l’entreprendre avant que les perfides philosophes n’y intervinssent. Une réforme du système religieux eût coupé le germe des révolutions, et la doctrine de Jésus-Christ se prêtait merveilleusement à cette réforme.

Rien n’était plus facile que d’enter un système de culte attractif sur cette doctrine qu’on a dénaturée par tant d’institutions, car selon les gens versés en théologie, il paraît prouvé que le mariage et la confession auriculaire ne sont nullement d’institution sacramentelle, et que leur promotion au rang de sacrement n’a été que postérieure, comme l’invention du purgatoire et des lymbes.

Ajoutons que Jésus-Christ, catéchisant des peuples grossiers et pauvres, devait proportionner sa doctrine aux temps et aux lieux, et mettre à l’usage des plaisirs beaucoup de restrictions qu’il eût eu la sagesse de ne pas imposer à des peuples riches et éclairés. Il était trop conciliant, trop indulgent sur la volupté pour ne pas lui permettre les développements convenables aux mœurs de chaque siècle.