Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les extrêmes se touchent, et plus le catholicisme proscrit la volupté, plus il était disposé à l’admettre en ressort du culte religieux, si on lui eût indiqué la méthode d’inoculation. Il possède pour opérer cet amalgame un levier que n’avait pas la mythologie, c’est l’ascétisme ou extase d’amour. Il ne restait qu’à élever l’ascétisme du simple au composé, en combinant religieusement les extases d’amour de Dieu avec les extases d’amour des hommes.


VII. vices des ressorts mixtes simples alliés aux répulsifs.


Maintenant les chefs du culte catholique sentent les inconséquences de leur système ; ils voudraient le modifier. Ils commencent à dire qu’on ne sait pas précisément si Dieu précipitera dans les enfers ces millions de sauvages et barbares qui n’ont pas eu connaissance de la religion catholique. — Mais si l’on doute aujourd’hui de leur condamnation, pourquoi l’a-t-on affirmé si pertinemment pendant dix-huit siècles par le dogme : « Hors de l’Église point de salut ? » Et d’ailleurs si les sauvages sont collectivement exempts de l’enfer comme ayant ignoré les obligations à remplir pour l’éviter, ils sont donc bien plus favorisés que les catholiques, dont les neuf dixièmes sont plongés en enfer, et, dans ce cas, c’est donc un grand bonheur pour les peuples que d’être nés hors de la religion catholique ? Cette chance, l’ignorance de ce culte sera un gage de salut pour les neuf dixièmes d’entre eux, qui seraient, en cas de catholicité, plongés dans l’enfer, en vertu de la maxime : « Beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. »

Et si les sauvages et les barbares ne sont damnés que partiellement et proportionnellement à leurs fautes, ils sont donc aussi avantagés que les catholiques, et il n’y aura aucun avantage à marcher sous la bannière chrétienne, qui exclut du ciel les neuf dixièmes de ses soldats. En outre, si Dieu ne damne et sauve les barbares et sauvages qu’en raison de leurs fautes, il a donc deux balances pour peser les hommes ? Quelles règles suivra-t-il pour déterminer les fautes de ces peuples ? Il ne les jugera point selon les préceptes du catholicisme sur la chasteté et autres vertus, puisqu’ils n’ont pas connu ces préceptes. Ils ne seront donc jugés que sur la question intentionnelle, et ils auront pu passer leur vie dans la polygamie que permettent leurs usages, sans encourir la damnation ? Ils trouveront la voie du salut dans l’usage continuel de ces plaisirs, de cette polygamie, dont un seul instant fait damner à jamais un catholique, et dans ce cas tout l’avantage sera du côté des peuples qui ignorent cette religion ?

Admirons ici l’imbécillité de cette politique religieuse qui a créé le dogme de l’enfer. Elle se met dans l’alternative, ou de damner de nou-