Page:Fourier - Sur l'esprit irréligieux des modernes et dernières analogies 1850.djvu/59

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9o Il adopte les vices de son maître, devient hautain chez les grands, féroce et querelleur chez le peuple, et ainsi des autres classes.

10o Il est glouton, buvant la viande plutôt qu’il ne la mange, dévorant des charognes et des ordures, lors même qu’il a le nécessaire, envahissant brutalement la portion des chats et l’avalant d’un seul trait.

11o Il insulte les pauvres ; les hommes et enfants mal vêtus n’échappent guère aux outrages gratuits du chien.

12o Il a le caractère hiéroglyphique de population illimitée. La chienne met bas onze petits d’une seule portée. (Onze est le premier des nombres affectés à la confusion en théorie générale du mouvement.)


Continuons les préludes analytiques. Il s’agit de signaler la rétrogradation sociale. Pour acheminer à ce but, j’examine deux insectes bien connus et bien mal jugés.

La Fourmi est l’héroïne des moralistes. Ardente au travail, amassant dans les bonnes saisons pour les besoins futurs, on la croirait sage ; mais quel est le fruit de sa sagesse ? La fourmi, souvent la fourmilière, périt de faim. C’est l’opposé du travail de l’abeille. C’est un amas confus de provisions, sans nulle proportion avec ses besoins et sans méthode distributive fixe ; enfin c’est l’image des travaux du peuple civilisé qui travaille confusément et prodigieusement, pour n’arriver qu’à l’extrême misère, être foulé par les grands comme la fourmi est écrasée sous les pieds de l’homme et détruit par elle-même : car cet insecte est sujet à des guerres collectives comme nous. Elle est malfaisante et improductive, dévorant nos comestibles sans nous rien produire. C’est un emblème de scandale industriel, double abus de l’industrie, misère pour l’insecte, dommage pour l’homme.

Grand sujet de réclamation ! — Vous prétendez donc, va-t-on me dire, qu’on ne doit estimer chaque animal ou végétal qu’en raison de son utilité pour l’homme, que vous érigez par là en tyran de la nature ? — Sans doute, et ce n’est pas là tyrannie, car l’homme étant le foyer de l’industrie, le centre auquel tout doit se coordonner, toute créature qui s’écarte de cette règle est nécessairement un emblème de mal, et c’est un principe dont on se convaincra pleinement par l’étude de l’analogie. Je l’appuie d’un deuxième exemple.

L’Araignée est un animal fort industrieux, mais son travail parasite ne nous produit rien et nous cause du dégoût ; il représente donc un labeur de malfaisance. En effet, l’Araignée est l’emblème du Commerce ou piège industriel, travail parasite, improductif et répugnant par la fourberie qu’on en redoute sans cesse. Le commerce, fonction la plus compliquée du système social, entremet mille agents où il n’en faudrait pas cinquante si la vérité régnait pleinement. Or, si la partie dis-