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Page:Fournel - Les Hommes du 14 juillet, 1890.djvu/19

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LES HOMMES DU 14 JUILLET;

mettait du sien, payant un domestique, habillant les plus pauvres, leur donnant de l’argent de poche, du tabac. Les prisonniers se réunissaient pour jouer les uns chez les autres, ou dans la cour, souvent pleine de monde et plus semblable à celle d’un collège qu’au préau d’un lieu de détention. Le jeu de tonneau, le jeu de boules, le jeu de quilles y étaient fort cultivés. Enfin, dans les cas les moins graves, les pensionnaires de la Bastille obtenaient la liberté de sortir et de découcher. On cite des cas où il leur fut accordé un congé temporaire et même une autorisation de voyage en pays étranger, pour s’occuper d’une affaire, moyennant promesse de revenir dans un délai fixé[1].

Une bibliothèque, fondée dans les premières années du siècle, accrue par la suite, fonctionnait régulièrement sous Louis XVI. Plusieurs prisonniers étaient autorisés à recevoir des livres, et quelques-uns des gazettes. Même d’après Linguet, qui, à l’en croire, y devint étranger à l’univers entier, on admettait des curieux à la Bastille, et tous les fonctionnaires, officiers ou domestiques, depuis le gouverneur et le major jusqu’au dernier marmiton, y recevaient des visites. Nous lisons dans le Mémorial de Paris de 1749[2] : « Il n’y a qu’un seul jour dans l’année, qui est l’octave de la Fête-Dieu, que la Bastille est ouverte pour tous ceux qui veulent la voir. » Ce

  1. Ravaisson, Archives de la Bastille, Introduct. XII. Funck-Brentano (Revue historique du 1er janvier 1890, p. 64-9).
  2. T. Ier, p. 170.