inspecteur des bâtiments de la Ville de Paris, Corbet, publia le Projet d’une place publique à la gloire de Louis XVI sur remplacement de la Bastille. Dans le plan, tout au moins officieux, de ce fonctionnaire, la forteresse a complètement disparu, et, suivant l’idée qui va passer bientôt à l’état de lieu commun, la statue du prince se dresse au centre de la place circulaire qui s’élève en partie sur ses ruines. Necker avait songé à la supprimer par économie. Un des officiers de la Bastille même, le lieutenant de roi du Puget, en avait proposé dans un rapport la démolition et la suppression, et, le 8 juin 1789, Davy de Chavigné avait présenté à l’Académie royale d’architecture un plan, conçu depuis plusieurs années, consistant à élever, sur l’emplacement de la prison jetée bas, une colonne surmontée de la statue de Louis XVI, avec des figures allégoriques et des inscriptions à la gloire du roi.
L’emprisonnement de Linguet à la Bastille en 1780, qui paraît avoir été relativement rigoureux, malgré tout ce qu’il faut rabattre de ses exagérations, sans parler de ses erreurs constatées, qu’il serait même permis de qualifier autrement, peut passer pour une exception unique sous ce règne. Elle ne s’explique que par le caractère du personnage, par le peu d’intérêt qu’il excitait, par l’impudente audace avec laquelle cet esprit agressif et paradoxal, qui ne semblait avoir d’autre loi que la contradiction et qui l’exerçait contre lui-même aussi bien que contre les
