Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 1, Garnier.djvu/19

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Sont un peu plus qu'un rude populace :

Au reste tels qu'on les voit entre nous.

Mais dires-moi, que recueilleriez-vous,

Quels vers, quels ris, quel honneur, et quels mots,

S'on ne voyait ici que des sabots ? [60]

Outre, pensez que les Comiques vieux

Plus haut encor on fait bruire des Dieux.

Quant au théâtre, encore qu'il ne soit

En demi rond, comme on le compassait,

Et qu'on ne l'ait ordonné de la sorte [65]

Que l'on faisait, il faut qu'on le supporte :

Vu que l'exquis de ce vieil ornement

Ore se voue aux Princes seulement :

Même le son qui les actes sépare,

Comme je crois, vous eût semblé barbare, [70]

Si l'on eût eu la curiosité

De remouler du tout l'antiquité.

Mais qu'est-ce ci ? Dont vient l'étonnement

Que vous montrez ? Est-ce que l'argument

De cette fable encore n'avez su ? [75]

Tôt il sera de vous aperçu,

Quand vous orrez cette première Scène.

Je m'en tairai, l'Abbé me tient la rêne,

Qui là-dedans devise avec son prêtre

De son état qui meilleur ne peut être. [80]

Jà jà marchant, enrage de sortir,

Pour de son heur un chacun avertir :

Et se vantant, si sa voix il débouche :

De vous brider désire par la bouche :

Et qui plus est sous la gaye merveille [85]

De dérober votre esprit par l'oreille.




ACTE I