Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 1, Garnier.djvu/32

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Qu'elle est bien souvent en malaise, [535]

Ou elle feint, ne lui déplaise,

Pour accomplir en sainteté,

Quelque beau voeu de chasteté :

Non fait non, elle souffre peine :

Car la nuit bien fort se démène. [540]

Alix


Ô que je sens un doux martyre !

Je crève ici quasi de rire,

Je ne saurais m'y arrêter :

Mais je vais ore l'accoster.

Guillaume


Mon Dieu que je serais marri. [545]

Alix


De quoi parlez-vous, mon mari ?

Guillaume


Ha notre femme, Dieu vous gard.

Je meure si votre regard

Ne m'a servi d'allègement

Contre mon fâcheux pensement. [550]

Alix


Quel pensement ?

Guillaume


Le créancier

M'a fait ore signifier

Qu'il veut que je paye aujourd'hui.

Alix


Aujourd'hui : c'est un grand ennui,

C'est donner bien peu de répit, [555]

Il n'en faut point être dépit,

Il faut prendre patiemment

Ce que notre Dieu justement

Pour nos commises nous envoie.

Guillaume


Il est vrai, c'est la droite voie [560]

Patience est d'Honneur la porte.

Alix


Patience est toujours plus forte.

Guillaume


Ses dons sont à tous bien séants.

Mais comment ? Qui entre céans ?

Avez-vous laissé l'huis ouvert ? [565]

Alix