La maladie que je sens,
Elle s'en court par ces couvents
De saint François, saint Augustin,
De l'abbaye saint Martin,
De saint Victor, de saint Magloire, [505]
Pour faire prier.
Voire voire,
On y prie à deux beaux genoux.
Elle m'apporte à tous les coups
De ces saints couvents quelques choses :
Ou bien de quelque pain de roses, [510]
Ou bien des eaux, ou bien du flan,
Aucunesfois de leur pain blanc,
Et me dit que par les mérites
Du bon saint, ces choses petites
Ont pouvoir de guérir la fièvre. [515]
Serait perte s'il était lièvre,
Les cornes lui seyent fort bien.
Elle ne me moleste en rien,
Même quand malade je suis
Elle ferme soudain mon huis, [520]
Et de crainte de me fâcher
En autre lieu s'en va coucher :
Mais bien souvent je sens de peur
Dedans moi débattre mon coeur,
Quand ma partie me deffaut, [525]
Car j'entendis un jour d'en haut
Un esprit qui fort rabâtait,
Lorsqu'en mon lit elle n'était.
Je retiens d'un sermon ces mots,
Qu'un esprit n'a ni chair ni os. [530]
Puis quand elle est malade aussi,
Vraiment je lui fais tout ainsi
Et me couche en quelque chambrette :
Mais hélas ! Elle est tant fluette,