Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 1, Garnier.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


La maladie que je sens,

Elle s'en court par ces couvents

De saint François, saint Augustin,

De l'abbaye saint Martin,

De saint Victor, de saint Magloire, [505]

Pour faire prier.

Alix


Voire voire,

On y prie à deux beaux genoux.

Guillaume


Elle m'apporte à tous les coups

De ces saints couvents quelques choses :

Ou bien de quelque pain de roses, [510]

Ou bien des eaux, ou bien du flan,

 

Aucunesfois de leur pain blanc,

Et me dit que par les mérites

Du bon saint, ces choses petites

Ont pouvoir de guérir la fièvre. [515]

Alix


Serait perte s'il était lièvre,

Les cornes lui seyent fort bien.

Guillaume


Elle ne me moleste en rien,

Même quand malade je suis

Elle ferme soudain mon huis, [520]

Et de crainte de me fâcher

En autre lieu s'en va coucher :

Mais bien souvent je sens de peur

Dedans moi débattre mon coeur,

Quand ma partie me deffaut, [525]

Car j'entendis un jour d'en haut

Un esprit qui fort rabâtait,

Lorsqu'en mon lit elle n'était.

Alix


Je retiens d'un sermon ces mots,

Qu'un esprit n'a ni chair ni os. [530]

Guillaume


Puis quand elle est malade aussi,

Vraiment je lui fais tout ainsi

Et me couche en quelque chambrette :

Mais hélas ! Elle est tant fluette,