À qui presque on voyait les os,
Ayant une face dépite,
Du Soleil quasi demi cuite, [590]
Mêler en sueur et poudrière,
Oubliant leur face guerrière
Se sont parés si mollement,
Qu'ils semblent venir proprement
Des noces, et non de la guerre : [595]
Mêmes aucuns vendent leur terre,
Les autres engagent leur bien,
Les autres trouvent le moyen
De recouvrer quelques deniers
Pour enrichir les usuriers : [600]
Les autres vendent l'équipage,
Harnois, chevaux, et attelage,
Et tout pour dépendre en délices :
Et au lieu des bons exercices
Pour toujours assurer leur main, [605]
Le palais muguet en est plein,
Où leurs parfums, et leurs civettes,
Chose propre à leurs amourettes,
Tirent les dames aux devis,
Qui presque y courent aux envis, [610]
Au velours, au satin, à l'or,
Et aux broderies encor,
Nonobstant tout édit donné,
Il est autant peu pardonné
Qu'il serait même entre les Princes ; [615]
En pleine paix de leurs provinces.
Mais quoi ? Comment ? Où est l'enseigne,
Où est la bataille qui saigne
De tous côtés en sa fureur.
Où sont les coups, où est l'horreur, [620]
Où sont les gros canons qui tonnent,
Où sont les ennemis qui donnent
Jusques aux tentes de nos gens ?
Ha nous deviendrons négligents,
Et chasseront hors de mémoire [625]
Le désir qu'avons de la gloire.
Je confère cette cité,
À ce que l'on m'a récité
Jadis de l'antique Capoue :
Car sa friandise nous tue, [630]
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