Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 1, Garnier.djvu/41

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La meilleure part de ma vie,

Et si étais des mieux appris :

Mais ores les meilleurs esprits

Aiment mieux soldats devenir [855]

Qu'au rang des badauds se tenir.

Mais comment est-ce que la chose

Qu'en venant je tenais enclose,

Dont vous m'avez interrogué,

Nous a si fort poussés au gué ? [860]

Où sommes-nous venus ainsi ?

Florimond


Nous nous sommes tous deux ici

Oubliés de notre entreprise

Toutefois cet oubli je prise :

Car l'une est bien plus recouvrable, [865]

Que l'autre toujours n'est comptable :

Mais tournant bride à tous les dits

Reviendrons-nous à notre Alix,

Que mon coeur follement adore ?

Faut-il que j'y voise desore, [870]

Ou bien s'il vaut mieux que par toi

Soit faite l'entrée avant moi,

Pour voir si tu surprendras point

Quelque muguet, qui se soit joint

À mon Alix par mon absence ? [875]

Arnault


Elle est fidèle, que je pense.

Florimond


Et quand aucun n'y trouveras ;

Au ménage regarderas

Pour voir s'elle n'a rien acquis,

Si ses habits sont plus exquis [880]

Que n'étaient quand je départis.

Arnault


Sont témoins du nouveau parti.

Florimond


Tu noteras bien le visage,

Le froid, ou le chaud du courage,

Le parler, la joie, ou le dueil, [885]

Les caresses, et le recueil

Qu'elle montrera.

Arnault


Laissez faire,

Reposez-vous de cette affaire,