La meilleure part de ma vie,
Et si étais des mieux appris :
Mais ores les meilleurs esprits
Aiment mieux soldats devenir [855]
Qu'au rang des badauds se tenir.
Mais comment est-ce que la chose
Qu'en venant je tenais enclose,
Dont vous m'avez interrogué,
Nous a si fort poussés au gué ? [860]
Où sommes-nous venus ainsi ?
Nous nous sommes tous deux ici
Oubliés de notre entreprise
Toutefois cet oubli je prise :
Car l'une est bien plus recouvrable, [865]
Que l'autre toujours n'est comptable :
Mais tournant bride à tous les dits
Reviendrons-nous à notre Alix,
Que mon coeur follement adore ?
Faut-il que j'y voise desore, [870]
Ou bien s'il vaut mieux que par toi
Soit faite l'entrée avant moi,
Pour voir si tu surprendras point
Quelque muguet, qui se soit joint
À mon Alix par mon absence ? [875]
Elle est fidèle, que je pense.
Et quand aucun n'y trouveras ;
Au ménage regarderas
Pour voir s'elle n'a rien acquis,
Si ses habits sont plus exquis [880]
Que n'étaient quand je départis.
Sont témoins du nouveau parti.
Tu noteras bien le visage,
Le froid, ou le chaud du courage,
Le parler, la joie, ou le dueil, [885]
Les caresses, et le recueil
Qu'elle montrera.
Laissez faire,
Reposez-vous de cette affaire,