Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 1, Garnier.djvu/47

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Mais j'en renie tous les cieux,

Si je ne fais tomber en bas

Tant de jambes et tant de bras,

Que Paris en sera pavé. [1055]

En despecte, je suis crevé

De dépit qui ne le serait

Quand son maître on offenserait ?

Ladre Abbé, meurtrier de vertu,

Si je m'y mets. Mais quoi ? Veux-tu [1060]

Pauvre Arnault, sans ton maître faire

Ce qui lui pourrait bien déplaire ?

En te fâchant tu es venu

Jusqu'au lieu où il s'est tenu.

Pendant ce malheureux voyage [1065]

Je gage que nulle autre image,

Étant même en ce dévot temple,

Que celle d'Alix, ne contemple :

Mais quand il saura la nouvelle,

Ha charbieu qu'il la fera belle, [1070]

Il m'épouvantera des yeux.

Florimond


Je vois entrer tout furieux

Mon Arnault. Oy oy, que serait-ce ?

On lui a fait peu de caresses,

Il en hennit comme un cheval. [1075]

Et bien Arnault ?

Arnault


Et bien, mais mal.

Florimond


Comment mal ?

Arnault


Le plus mal du monde.

Florimond


Si faut-il que ce mal je sonde,

Pour voir s'il est ainsi profond.

Arnault


Assez pour vous noyer au fond, [1080]

Si vous ne prenez patience :

Mais faites au mal résistance,

Et me laisser venger du tout.

Florimond


Mortbieu qu'est-ce ?

Arnault


De bout en bout

Je vous compterai le malheur, [1085]