Se le fasse aussi du malheur.»
Mais quoi ? Comment ? D'où vient cela ? [1195]
Qui a-t-il de nouveau ? Voilà
Notre malheureux maître Eugène
Qui sort avec sa soeur Hélène.
Je pense que si les hauts cieux
S'apaisaient des larmes des yeux, [1200]
Qu'Hélène plus en jettera
Qu'il n'en faut quand ell' le saura.
Mon coeur s'est pris à tressaillir,
Je sens quasi ma voix faillir,
Ma face est jà toute blêmie, [1205]
Hélène, soeur et bonne amie,
Quand j'ai regardé contreval,
Voici l'ambassadeur du mal,
Voici mon Chapelain qui vient :
À voir la face qu'il nous tient [1210]
Le malheur jure contre nous.
Las mon frère que ferez-vous.
Mais las que ferai-je ô fluette ?
Que deviendrai-je moi pauvrette ?
Resterai-je en ce monde ici, [1215]
Voyant mon frère en tel souci ?
Mon esprit fuira comme vent :
Mais je vais courir au-devant,
Je veux l'infortune savoir.
Messire Jean je puis bien voir [1220]
Que quelque chose est survenue.
Les Dieux ont promesse tenue :
Après l'heur on sent le malheur,
Après la joie la douleur,
Et la pluie après le beau temps. [1225]
Ô Dieu retiens en moi mes sens,
Ou je chérrai en pâmoison.
Que la douleur est grand' prison,
Je me sens presque aussi faillir.
Et vous souliez si bien saillir [1230]
En votre aise contre les cieux,
Et disiez qu'être soucieux
En rien ne convenait à vous.