Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 1, Garnier.djvu/52

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Ô Jupiter que sommes-nous !

Pouvons-nous rien de nous promettre ? [1235]

Messire Jean


Et vous souliez sous le pied mettre

Toute inconstance et changement,

Vous vantant qu'éternellement

Non autre que vous, vous seriez,

Et tous les ennuis chasseriez ? [1240]

Mais il vaut mieux un repentir,

Bien qu'il soit tard, que d'amortir

La connaissance que Dieu donne

Par le malheur de la personne.

Eugène


Mais encores laissons nos pleurs, [1245]

Retenons un peu nos douleurs,

Ne donnons point tant à la bouche

Que les oreilles on ne touche.

Qui a-t-il, dis ?

Messire Jean


Tantôt j'étais

Chez Alix où je banquetais [1250]

Avec Guillaume pour vous plaire,

Comme me commandiez de faire,

Quand à un instant est entré

Un soldat fort bien accoutré

D'équipage requis en guerre, [1255]

Qui voulait mettre tout par terre,

Blasphémant tous les cieux, marri

D'ouïr nommer ce mot mari.

Hélène


Elle qu'a-t-elle répondu ?

Messire Jean


Toute tremblante elle a rendu [1260]

Ces réponses, et bien Arnault

La plus sainte plus souvent fault :

Mais on apaise de Dieu l'ire

Quand du deffaut on se retire :

L'Abbé mon cousin me voyant [1265]

En paillardise fourvoyant

M'a mise avec cet homme-ci,

Avec lequel je vis ainsi

Que doit faire femme de bien.

Pute (dit-il) je n'en crois rien, [1270]

Il n'y a point de cousinage,