Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/382

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Et ton âne fuyant parmi les Mimallons,

Qui le bras enthyrsé courent par les vallons. [80]

Mais où va cette troupe ? Elle s'est égarée

Aux solitaires bords du floflotant Nérée.

Rien ne me paraît plus que rochers caverneux,

J'entends de loin le bruit d'un vent tourbillonneux.

Sacrés hôtes des cieux, quelle horrible tempête, [85]

Quel voile ténébreux encourtine ma tête ?

Éole a déchaîné ses vites postillons,

Qui galopent déjà les humides sillons.

Le Ciel porte-flambeaux d'un noir manteau se couvre.

Je ne vois qu'un éclair qui le perce et l'entrouvre. [90]

Quels feux virevoltants nous redonnent le jour ?

Mais la nuit aussitôt rembrunit ce séjour.

Ce tonnerre orageux qui menace et qui gronde.

Eflochera bientôt la machine du monde.

Quel éclat, quel fracas confond les éléments ? [95]

Jupin de l'univers sape les fondements ;

Ce coup jusqu'à Tenare a fait une ouverture.

Et fera pour le moins avorter la nature.



Scène IV



Filidan, Amidor


FILIDAN
.


Voici ce cher ami, cet esprit merveilleux.

AMIDOR
.


Mettons-nous à l'abri d'un rocher sourcilleux : [100]

Évitons la tempête.

FILIDAN
.


Ah ! Sans doute il compose,

Ou parle à quelque Dieu de la Métamorphose.