Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/381

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Ô Dieux ! Faites sortir d'un antre ténébreux [55]

Quelque horrible Géant, ou quelque monstre affreux ;

S'il faut que ma valeur manque un jour de matière,

Je vais faire du monde un vaste cimetière.



Scène II



 
Amidor, Artabaze


AMIDOR
.


Je sors des antres noirs du mont Parnassien,

Où le fils poil-doré du grand Saturnien [60]

Dans l'esprit forge-vers plante le Dithyrambe,

L'Épode, l'Antistrophe, et le tragique Iambe.

ARTABAZE
.


Quel prodige est-ce ci ? Je suis saisi d'horreur.

AMIDOR
.


Profane ; éloigne-toi, j'entre dans ma fureur.

Iacch Iacch Évohé.

ARTABAZE
.


La rage le possède : [65]

Contre les furieux la fuite est le remède.



Scène III





AMIDOR
.


Que de descriptions montent en mon cerveau,

Ainsi que les vapeurs d'un fumeux vin nouveau !

Sus donc, représentons une fête Bachique,

Un orage, un beau temps par un vers héroïque, [70]

Plein de mots ampoulés, d'Épithètes puissants,

Et surtout évitons les termes languissants.

Déjà de toutes parts j'entrevois les brigades

De ces Dieux chèvre-pieds, et des folles ménades,

Qui vont célébrer le mystère Orgien [75]

En l'honneur immortel du Père Bromien.

Je vois ce Cuisse-né, suivi du bon Silène,

Qui du gosier exhale une vineuse haleine ;