Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/384

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Anime les ressorts d'une âme frénétique,

Et par des visions produit mille plaisirs

Qui charment la vigueur des plus nobles désirs ; [140]

Apprends à révérer par un fatal augure

De ma pudicité l'adorable figure.

FILIDAN
.


Ô merveilleux discours, ô mots sentencieux ;

Capables d'arrêter les plus audacieux.

Dieux ! Qu'en toutes façons cette belle est charmante ; [145]

Et que je sens pour elle une ardeur véhémente.

Ami, que te dit-elle encore outre cela ?

AMIDOR
.


Elle me dit Adieu, puis elle s'en alla.

FILIDAN
.


J'adore en mon esprit cette beauté divine.

Qui sans doute du ciel tire son origine. [150]

Je me meurs, Amidor, du désir de la voir.

Quand aurai-je cet heur ?

AMIDOR
.


Peut-être sur le soir :

Quand la brunette nuit développant ses voiles,

Conduira par le ciel le grand bal des étoiles.

FILIDAN
.


Ô merveilleux effet de ses rares beautés ! [155]

Incomparable amas de nobles qualités !

Déjà de liberté mon âme est dépourvue :

Le récit m'a blessé, je mourrai de sa vue.

Prépare-toi mon coeur à mille maux divers.

AMIDOR
.


Adieu, sur ce sujet je vais faire des vers. [160]

FILIDAN
.


Que tu m'obligeras, Amidor, je t'en prie,

Tandis pour soulager l'excès de ma furie,

Je m'en vais soupirer l'ardeur de mon amour,

Et toucher de pitié tous ces lieux d'alentour.