Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/410

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Quoi ? Vous me menacez, frénétique caboche.

AMIDOR
.


Je ferai donc sortir le rôle de ma poche. [880]

ARTABAZE
.


Ô Dieux à mon secours, sauvez-moi du Sorcier.

AMIDOR
.


Adieu vaillant courage, Adieu franc Chevalier.



Scène IV



Phalante, Amidor


PHALANTE
.


De quoi rit Amidor ?

AMIDOR
.


C'est de ce Capitaine.

PHALANTE
.


Ami, je te cherchais, j'ai besoin de ta veine,

Pour vaincre une beauté dont mon coeur est épris : [885]

Mais pour se faire aimer, vivent les bons esprits.

Rien ne saurait fléchir une humeur rigoureuse

Comme un Vers qui sait plaindre une peine amoureuse.

AMIDOR
.


Si c'est une beauté qui chérisse les Vers,

J'en ai de composés sur des sujets divers : [890]

J'en ai sur un refus, j'en ai sur une absence,

J'en ai sur un mépris, sur une médisance.

J'en ai sur un courroux, sur des yeux, sur un ris,

Un retour de Silvie, un Adieu pour Cloris,

Un songe à Bérénice, une plainte à Cassandre, [895]

Car on choisit le nom tel que l'on le veut prendre.

PHALANTE
.


Cette plainte à Cassandre est bien ce qu'il me faut.

AMIDOR
.


Cette pièce est savante, et d'un style fort haut.

PHALANTE
.


C'est comme je la veux.

AMIDOR
.


Au reste ce sont Stances,

Pleines de riches mots, de grandes doléances. [900]

PHALANTE
.


Si le style en est riche, on me tient riche aussi.

AMIDOR
.