Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/409

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Ah Dieux ! Je suis perdu, ma valeur ni mes armes

Ne sont point par malheur à l'épreuve des charmes. [860]

AMIDOR
.


Ce ne sont que des Vers.

ARTABAZE
.


C'est ce qui me fait peur.

AMIDOR
.


Si vous craignez l'écrit, je les dirai par coeur.

Voyons si sur le champ vous les pourriez apprendre.

ARTABAZE
.


Je le veux.

AMIDOR
.


Dites donc, je suis cet Alexandre.

ARTABAZE
.


Je suis cet Alexandre.

AMIDOR
.


Effroi de l'Univers. [865]

ARTABAZE
.


Ce titre m'appartient.

AMIDOR
.


Ah Dieux ! Dites vos Vers.

ARTABAZE
.


Je ne suis pas si sot qu'en dire davantage,

Je me condamnerais en tenant ce langage,

AMIDOR
.


Quelle bizarre humeur ?

ARTABAZE
.


Ce trait est captieux,

Afin que j'abandonne un titre glorieux : [870]

Le donnant, je perdrais le pouvoir d'y prétendre.

Je dirai seulement, je suis cet Alexandre.

AMIDOR
.


Et qui dira le reste ?

ARTABAZE
.


Il faut bien sur ma foi,

Donner le titre à dire à quelque autre qu'à moi :

Puis je pourrai poursuivre.

AMIDOR
.


Ô Dieux ! Quel badinage ? [875]

On verrait deux acteurs pour un seul personnage.

ARTABAZE
.


Comme vous l'entendrez, je ne puis autrement.

AMIDOR
.


Ma foi, vous le direz, j'en ai fait le serment.

ARTABAZE
.