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Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/417

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Ce portail donne entrée en une grande cour,

Ceinte de grands ormeaux, et d'un ruisseau qui court : [1030]

Là mille beaux pigeons et mille paons superbes

Marchent d'un grave pas sur la pointe des herbes,

Une fontaine au centre a son jet élancé

Par le corner retors d'un Triton renversé.

Cette eau frappe le ciel, puis retombe, et se joue [1035]

Sue le nez du Triton, et lui lave la joue.

La cour des deux côtés, tient à deux basses-cours,

De qui le grand château tire tout son secours :

En l'une est le manège, offices, écuries :

L'autre est pour le labour, et pour les bergeries. [1040]

Au fond de cette cour paraît cette maison

Qu'Armide eût put pu choisir pour l'heureuse prison

Où furent en repos son Regnaut et ses armes,

Sans qu'elle eût eu besoin du pouvoir de ses charmes.

Au bord d'une terrasse un grand fossé plein d'eau, [1045]

Net, profond, poissonneux, entoure le château,

Pour rendre ce lieu sûr contre les escalades ;

Et l'appui d'alentour ce sont des balustrades.

ALCIDON
.


Cette entrée est fort belle.

PHALANTE
.


Au bout du pont-levis

Se présente un objet dont les yeux sont ravis, [1050]

Trois portes de porphyre, et de jaspe étoffées,

Comme un arc de triomphe enrichi de trophées.

On entre en une cour large de deux cent pas

Où cet art qu'ont produit la règle et le compas,

(J'entends cette mignarde et noble architecture) [1055]

Semble de tous côtés surmonter la nature.

Le logis élevé, les ailes un peu moins,

De quatre pavillons flanquent leurs quatre coins :

Et pour l'étage bas cent colonnes Doriques

Séparent d'ordre égal cent figures antiques. [1060]

ALCIDON
.


Ô Dieux !

PHALANTE
.


Une fontaine au milieu de la cour

Représente Aréthuse, il semble qu'elle court,

Qu'elle emporte d'un Dieu le coeur et la franchise :

L'amant la suit de près, elle pense être prise ;

Elle invoque Diane, et dans ce temps fatal [1065]

Jaillit dessous ses pieds un long trait de cristal :