Mélisse votre fille, ayant un revenu
Qui passe tous nos biens.
Soyez le bienvenu.
Êtes-vous possesseur d'une grande richesse ?
Grâce aux Dieux j'ai des biens dignes de ma noblesse.
J'en ai dedans la ville, et j'en ai dans les champs : [1005]
Je fais fendre la terre à cent coutres tranchants :
J'ai des prés, des forêts, des étangs, des rivières,
Des troupeaux, des haras, des forges, des minières,
Des bourgs et des châteaux, des meubles à foison,
Des sacs d'or et d'argent roulent par ma maison. [1010]
Quelle richesse au monde à la vôtre est égale ?
De toutes vos maisons quelle est la principale ?
C'est un lieu de plaisir, séjour de mes aïeux,
À mon gré le plus beau qui soit dessous les cieux.
Si vous le désirez, je vous le vais décrire. [1015]
Vous me ferez plaisir, c'est ce que je désire.
Ce lieu se peut nommer séjour des voluptés,
Où l'Art et la Nature étalent leurs beautés ;
On rencontre à l'abord une longue avenue
D'arbres à quatre rangs qui voisinent la nue : [1020]
Deux prés des deux côtés font voir cent mille fleurs,
Qui parent leurs tapis de cent vives couleurs ;
Et cent petits ruisseaux coulent d'un doux murmure,
Qui d'un oeil plus riant font briller la verdure.
L'abord est agréable.
On peut avec raison [1025]
Se promettre de là quelque belle maison.
De loin l'on aperçoit un portail magnifique.
De près l'ordre est Toscan, et l'ouvrage rustique ;