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Scène première





ALCIDON
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La Richesse, l'Amour, le Savoir, la Vaillance.

La Richesse, l'Amour, la Valeur, la Science. [1650]

Je crois que ce sont quatre, il ne m'en faut que trois.

Il faut qu'encore un coup je compte avec mes doigts.

L'Amitié, le Savoir, la Valeur, la Richesse

Ô bons Dieux ! Ce sont quatre à qui j'ai fait promesse :

J'ai seulement chez moi trois filles à pourvoir. [1655]

Ces gendres cependant viendront ici ce soir.

Qui dois-je rebuter ? Qui dois-je satisfaire ?

À qui de tous ces quatre oserai-je déplaire ?

Ah ! C'est un ennemi que j'aurai sur les bras.

Quelle confusion ? Bons Dieux ! Quel embarras ? [1660]

Voyons qui je pourrais rebuter de ces quatre.

Choisissons l'ennemi le plus doux à combattre.

Celui de qui paraît l'excessive amitié,

Acquit ma bienveillance en me faisant pitié :

Aussi c'est un bonheur le plus rare du monde [1665]

Quand sur l'honnêteté quelque amitié se fonde.

Mais je veux que mon coeur ait bien la dureté

De voir ce pauvre amant tristement rebuté :

Le voilà dans les pleurs, le voilà dans les plaintes :

Tandis des médisants nous aurons mille atteintes : [1670]

J'ai pitié, dira-t-on, de ce pauvre affligé :

Mais la fille avait tort de l'avoir engagé.

Sans de grandes faveurs il est hors d'apparence

Qu'il ait pu concevoir une grande espérance.

Je ne puis me résoudre à souffrir ces discours, [1675]

Ni même à ruiner de si tendres amours.

Pourrais-je rebuter celui dont la doctrine

Paraît comme un rayon de sagesses divine ?

J'ai toujours révéré les gens de grand savoir :

Et si je le méprise, il s'en va s'émouvoir : [1680]

Il s'en va contre moi composer des histoires,

Et quelque gros recueil d'écrits diffamatoires :