Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/441

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Pourrait se voir épris d'une plus vile ardeur :

Mille coups perceraient ce coeur traître et volage,

S'il avait entrepris d'effacer son image.

ALCIDON
.


Hélas ! Ma fille est folle.

MÉLISSE
.


Ah ! Je ne la suis point. [1775]

Qu'on me donne un mari valeureux à ce point :

Un qui devant trente ans ait gagné cent batailles,

Qui seul se soit lancé du plus haut des murailles

Dans un bourg assiégé parmi tant d'ennemis :

Et qui dessous ses lois ait cent peuples soumis. [1780]

ALCIDON
.


Oui, j'ai trouvé ton homme.

MÉLISSE
.


En est-il sur la terre ?

ALCIDON
.


J'ai celui qu'il te faut, un grand homme de guerre,

Un plus grand qu'Alexandre, un qui dedans un mois

A fait à l'Univers reconnaître ses lois.

LYSANDRE
.


Quel est ce grand guerrier ? C'est pour lui faire accroire. [1785]

ALCIDON
.


Non, lui-même tantôt m'a conté son histoire.

LYSANDRE
.


Vous êtes fol vous-même, ô Dieux ! Le croyez-vous ?

MÉLISSE
.


N'est-ce point Artabaze ?

ALCIDON
.


Oui.

MÉLISSE
.


Ce maître des fous ?

Pourrait-on rencontrer un plus lâche courage ?

Mais, mon père, que sert de parler davantage ? [1790]

Rien ne peut me résoudre au lien conjugal

Si ce n'est Alexandre, ou du moins son égal.

ALCIDON
.


Ô Dieux !

LYSANDRE
.


Que voulez-vous, c'est là sa rêverie.

Mais sans perdre de temps appelez Hespérie :

Elle sera plus sage.

ALCIDON
.


Hélas ! Quelles douleurs ? [1795]

J'entre par sa folie en de nouveaux malheurs.