Page:Fournier - Le Théâtre français au XVIe et au XVIIe siècle, t. 2, Garnier.djvu/446

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FILIDAN
.


Il ne m'importe donc, mon âme en est ravie. [1905]

Je te veux, belle Idée, aimer toute ma vie.

ALCIDON
.


Ô Dieux ! Quelle folie ?

LYSANDRE
.


Il est fort satisfait.

Courage, c'en est un dont vous voilà défait.

ALCIDON
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Mais c'est là ce savant.

LYSANDRE
.


Hé quoi ! C'est mon Poète.

Pour lui je vais bientôt trouver une défaite. [1910]

Et vous, grand Apollon, que cherchez-vous ici ?

AMIDOR
.


Je viens rendre, Alcidon, votre esprit éclairci.

Tantôt étant troublé d'une surprise grande.

D'une de ces beautés j'ai tenté la demande,

Ne sachant que vous dire en cet étonnement ! [1915]

Puis un faiseur de vers feint toujours d'être amant.

Mais, pour dire le vrai, nulle amoureuse flamme

Depuis que je suis né n'est entrée en mon âme.

D'Hélicon seulement j'aime le noble val,

Et l'eau fille du pied de l'emplumé cheval : [1920]

J'aime les bois, les prés, et les grottes obscures,

J'aime la Poésie, et ses doctes figures.

Dans mon commencement, en l'Avril de mes jours,

La riche Métaphore occupa mes amours :

Puis j'aimai l'Antithèse au sortir de l'École : [1925]

Maintenant je me meurs pour la haute Hyperbole :

C'est le grand ornement des magnifiques vers :

C'est elle qui sans peine embrasse l'Univers ;

Au ciel en un moment on la voit élancée ;

C'est elle qui remplit la bouche et la pensée. [1930]

Ô ma chère Hyperbole, Hyperbole mon coeur,

C'est toi qui d'Atropos me rendras le vainqueur.