Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/135

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LETTRE OUVERTE À MON AMI X…[1]

Vous le savez, mon cher X…, mieux que personne : s’il est un journal au Canada, en ces dernières années, qui ait en toute circonstance témoigné de son admiration et de son amour passionné pour la France, c’est bien celui-ci. Moi-même qui vous parle (et tout en reconnaissant à son ennemie d’aujourd’hui les mérites que je crois qui lui reviennent), combien de fois, ces mois passés, n’ai-je pas pris plaisir à saluer en la France le premier pays du monde, en la civilisation française la plus haute civilisation que le monde ait encore connue ?

Il semblerait, de prime abord, que voilà qui dût vous suffire… Mais non : pour prouver par le temps qui court ses sentiments français ce n’est rien, selon vous, que de proclamer la grandeur unique de la France et son immense supériorité sur toutes ses rivales y compris l’Allemagne : ce qui s’impose avant tout, c’est de rabaisser celle-ci, intellectuellement, au niveau d’un pays, disons, comme l’Angleterre. Ce n’est rien que de croire à l’héroïsme de ses soldats et à la justice de

  1. Paru dans l’Action, le 20 février 1915 et faisant suite à l’article intitulé : Élargissez-vous le front !