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RACE DE VOLEURS

que idée de la colossale exploitation pratiquée à cœur d’année, par nos bons docteurs, sur leurs trop naïfs clients.

— Et qui sont-ils, demanderez-vous, ces abominables morticoles ? Tous des hommes de second ordre, au moins, j’espère…

C’est ce qui vous trompe, mon cher lecteur. S’il en est parmi eux de relativement obscurs, il en est par contre de très connus, et des plus huppés. Oui, monsieur, des plus huppés. Jusques et y compris, s’il vous plaît, des professeurs de Laval. C’est comme je vous le dis.

  Que conclure de tout cela, si ce n’est pour en revenir à ce que je disais en commençant, que l’immoralité du Canadien français dans la vie publique s’explique beaucoup plus simplement qu’il n’apparaît à M. Bourassa, puisqu’elle n’est en somme que le prolongement de son immoralité dans la vie privée ?

En d’autres termes, pourquoi voudrait-on que cet habitant de Laval ou de Jacques-Cartier de qui vous ne pouvez rien acheter sans vous faire voler fût, disons, plus scrupuleux au conseil municipal que dans son commerce ?

Pourquoi voudrait-on que cet avocat, ce notaire, cet architecte, notoirement voleurs dans leurs professions, se refissent subitement une probité en pénétrant à l’hôtel de ville ou dans les parlements ?