Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/145

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MON ENCRIER

Pourquoi enfin voudrait-on que ce médecin-escroc, qui ne rougit pas de spéculer sur la confiance de ses clients pour leur coller sous des noms français, à des prix de fantaisie, des remèdes fabriqués rue Wolfe… pourquoi voudrait-on que ce médecin montrât dans les fonctions publiques plus de conscience et d’honneur que dans l’exercice de sa profession ?

Mandataires du peuple, les uns et les autres continueront tout simplement de suivre, sur un autre terrain, leur pente naturelle. Aussi est-ce bien à tort, selon moi, que le directeur du Devoir s’est jamais avisé de relever chez eux de prétendues contradictions. Un honnête homme, souvent, peut montrer dans son caractère des contradictions. Au contraire, rien de plus logique, de plus cohérent, rien de plus harmonieux que le caractère d’un coquin.

Voleurs dans les affaires privées, la plupart de nos hommes publics, jusqu’ici, ont simplement continué de l’être dans les affaires publiques, sans le moindre effort et comme d’instinct. C’est ce qui nous rend leurs vies si aisément intelligibles, et qui en fait la profonde unité.