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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

surtout de peu de volonté, qui cédèrent, non point par vilenie, mais par faiblesse surtout et, faute d’encadrement, à la pression du milieu plus encore qu’à leur intérêt propre ? Peut-on dire qu’envers ceux-là M. Bourassa a fait tout son devoir — son devoir de chef, — et qu’en descendant de sa colonne pour les aller soutenir et réconforter aux moments décisifs, aux moments difficiles, il n’eût point pu garder aux idées nationalistes quelques bons serviteurs de plus ? Mais probablement jugea-t-il qu’ils ne valaient point la peine d’un tel effort. Deux choses, en effet, par-dessus tout, auront toujours manqué au chef nationaliste dans son action politique : un peu d’indulgence humaine et d’humaine sympathie. Il lui aura manqué de connaître les hommes, et de les aimer. C’est une troisième cause de ses échecs répétés, et qui n’est pas, je crois, la moindre.

I
Quand celui à qui l’on parle ne comprend plus et que celui qui parle ne se comprend plus…

De toute la carrière publique de M. Bourassa jusqu’à date, de toute son œuvre, écrite ou parlée, depuis dix-sept ans, une idée, entre toutes, se dégage avec particulièrement de suite et de relief. C’est celle que, dès 1899, il affirmait de toute son énergie lorsque, de son siège de député, il dénonçait si courageusement l’envoi de troupes