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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

Sans qu’il eût encore, probablement, entrevu pareille raison pour le Canada de s’abstenir, il n’est pas douteux que, dès les premiers mois de la guerre, il n’était pas, au fond, moins opposé que maintenant à l’envoi de troupes canadiennes en Europe. Il suffit pour s’en convaincre de se rappeler ses articles de l’époque, dont il n’est peut-être pas trois qui n’eussent pour objet manifeste de contrecarrer plus ou moins indirectement, plus ou moins jésuitiquement, l’entreprise guerrière du pays.

Si peu incertain, cependant, que fût pour lors son sentiment, et quelque soin qu’il prît lui-même de le laisser percer à chaque ligne de ses écrits, il n’en demeure pas moins qu’à ce moment — pour des causes que nous aurons à rechercher au chapitre prochain — il n’avait pas encore jugé à propos de l’avouer ouvertement.

À l’en croire, au contraire, nul n’admettait plus volontiers que lui le « devoir » du Canada de se porter les armes à la main au secours de la France et de l’Angleterre. Partisan absolu, partisan déterminé de l’intervention, tout ce que sa conscience nationaliste osait encore réclamer, c’était qu’on voulût bien ne voir en cet effort que le geste « libre et volontaire » d’une nation autonome agissant « dans son propre intérêt supérieur », non point le tribut consenti par une colonie à sa métropole… Simple détail d’ailleurs