Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/179

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MON ENCRIER

que cette réserve, à ses propres yeux, et d’importance toute relative. L’Action Sociale (aujourd’hui Catholique) s’y étant un jour trompée, on put croire un instant que M. Bourassa ne s’en consolerait pas :

… La presse « loyale » m’a trop accoutumé à ces procédés pour qu’ils m’étonnent aujourd’hui. Mais d’autres journaux, obligés par fonction à plus de probité, auraient pu tenir compte de cette partie essentielle de ma thèse (affirmant le devoir national de l’intervention) avant de me prêter l’attitude d’adversaire d’une proposition que je soutiens comme eux… Puisque nous aboutissons aux mêmes conclusions, bien que nos motifs diffèrent, pourquoi chercher querelle au Devoir et surtout donner fausse couleur à son attitude ?[1]

De l’instant où M. Bourassa (cédant à quels mystérieux mobiles ?) se croyait tenu de reconnaître ce principe, — ce principe si violemment contraire à ses convictions les plus intimes et les plus chères, — sa position, on en conviendra, devenait rien moins que facile. Trop tenu, en effet, par l’amour-propre, pour se rétracter tout de suite (il ne devait s’y décider finalement qu’après seize mois environ de réflexion), et, d’autre part, bien résolu pourtant à combattre une entreprise qu’en son for intérieur il condamnait par-dessus tout, il se trouvait, dans la même cause, à devoir plaider le contre après avoir admis le pour, et tout en l’admettant ! Comment allait-il s’y pren-

  1. Dans une note inframarginale, pour montrer « qu’il ne force pas la pensée de M. Bourassa ni ne sollicite les textes », l’auteur invite le lecteur à lire plus loin le texte complet de l’article. Ce texte complet ne se trouve pas dans le manuscrit laissé par l’auteur.