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MON ENCRIER

avait vus, lorsque la famine les fauchait par centaines de mille, sacrifier sans se révolter jusqu’à leur dernier morceau de pain pour payer l’impôt, pour entretenir à des sinécures les fils de famille dégénérés ou ruinés à qui la vie n’est plus tenable dans la métropole. Mais la division du Bengale — pour eux le Royaume sacré — est à leurs yeux pire que tout cela : c’est un sacrilège sans nom, tellement monstrueux que tout le monde a pris le deuil et qu’une agitation terrible couve aujourd’hui contre l’Angleterre dans toute cette contrée. Le jour cette agitation aura chassé les Anglais de l’Inde, les impérialistes pourront se féliciter de leur œuvre. Ce sont eux en effet qui depuis longtemps dictent dans une trop large mesure la politique anglaise en Orient. En Égypte comme aux Indes, c’est l’arrogance impérialiste qui a porté les gouvernants anglais à fouler aux pieds les sentiments des races indigènes. Cette politique est inhumaine, mais surtout elle est maladroite : elle est à la source de toutes les difficultés survenues dans le passé entre les colonies et la métropole, et si l’Angleterre voit aujourd’hui les trois-quarts de son domaine asiatique lui échapper, elle ne peut s’en prendre encore qu’aux champions de l’impérialisme.

Ce sont les gens de cette école qui ont donné aux fêtes de Québec la tournure qu’elles ont pri-