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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

le 17 décembre suivant, on peut lire ces lignes, traduites à peu près mot à mot de son article du 15 septembre :

But in the present conflict, Canada had to consider a broader duty than her « Imperial » obligations. She had to think of her relations with the world at large.

The government and parliament having taken the full responsability of their action, every one ought, for the time being, to consider only the immediate object of our intervention : the free and voluntary help given by Canada to Great Britain, France and Belgium. Even if it is thought that the form of that help is not the most proper to reach the object in view, the time has not come to pass judgment or condemnation.[1]

C’est ainsi, enfin, que dans sa grande étude sur le problème impérialiste, Que devons-nous à l’Angleterre ? parue le 16 décembre 1915 (remarquez bien la date, s’il vous plaît), il réaffirme à nouveau le principe qu’il énonçait en septembre 1914 touchant « le devoir national » du Canada dans la guerre :

Le Canada était-il tenu de participer à la guerre européenne ?

Comme possession britannique, non. En exécution d’un devoir, d’une obligation morale ou légale, résultant de sa condition coloniale, non. S’il avait envisagé la situation sous cet angle unique, le Canada avait le droit, il avait même le devoir de s’abstenir de toute participation active à la guerre.

Mais « comme nation, comme communauté humaine, le Canada pouvait-il rester indifférent au conflit européen » ? Je ne le crois pas. « Lié à l’Angleterre et à la France par mille attaches ethniques, sociales, intellectuelles, économiques, le Canada a un intérêt vital à la conservation de l’Angleterre et de la France, au maintien de leur prestige, de leur puissance, de leur action mondiale. »

  1. The duty of Canada at the present hour, by Henri Bourassa, director of Le Devoir — page 44.