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LA FAILLITE (?) DU NATIONALISME

surtout les catholiques, auraient tout à redouter du triomphe de la Russie.

C’était, on le sait, le rêve de l’archiduc Ferdinand de grouper tous les Slaves catholiques autour de la Couronne d’Autriche. C’est la brusque et tragique interruption de ce projet magnifique, béni par le Pape et redouté par le tsar, qui a atténué aux yeux de maints Anglais l’horreur du crime de Serajevo. De ceci, j’ai été témoin, à Londres, en juillet dernier, lorsque arriva la nouvelle foudroyante de l’assassinat du prince héritier d’Autriche.

J’ai lu et entendu maintes expressions de satisfaction à peine déguisée à la pensée que l’influence du seul prince vraiment catholique de l’Europe était anéantie, et l’emprise du « Pape de Rome » sur l’Europe diminuée d’autant.

N’allez point, je vous prie, supposer là-dessus, comme peut-être en seriez-vous tenté, que M. Bourassa pour lors en était rendu à souhaiter le triomphe de la catholique Autriche sur la Russie orthodoxe — et par conséquent sur les Alliés. Bien au contraire ! Seulement, n’ayant « aucune sympathie pour la Russie et le panslavisme » (cf. le Devoir du 25 novembre), il fallait bien qu’il le dît, n’est-ce pas ?…

De même pour ses idées sur le rôle de l’Angleterre dans le grand conflit. Oh ! certes, ce n’était point, encore une fois, qu’il n’admît aussi volontiers que personne l’obligation qui à cette heure nous incombait, paraît-il, de porter secours à l’Angleterre et à la France. Plus éloquemment peut-être que personne, il se plaisait au contraire à proclamer que le Canada (non point, il est vrai, « comme colonie », mais « comme nation, embryonnaire si l’on veut, comme commu-