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MON ENCRIER

aide, ni l’Angleterre n’en a besoin, c’est donc en considération de la France qu’il continuera (ouvertement du moins) d’en tenir pour l’intervention ?

Erreur encore !

D’un côté, il est vrai, il ne manque pas de proclamer que le Canada, « nation anglo-française liée à l’Angleterre et à la France par mille attaches ethniques, sociales, intellectuelles, économiques », a le plus grand intérêt « au maintien de la France et de l’Angleterre, de leur prestige, de leur puissance, de leur action mondiale ». Il est vrai encore que, loin de donner à ce fait une médiocre importance, il n’hésite pas à en faire le fondement — je ne dis pas capital, mais unique — de sa thèse sur l’intervention (8 septembre).

Seulement, se demande-t-il d’un autre côté, seulement, est-ce bien là un argument qu’il convienne aujourd’hui d’invoquer auprès des Canadiens français ? Auprès des orangistes de l’Ontario, peut-être, mais auprès des Canadiens français, très sincèrement M. Bourassa ne le pense point :

Faire appel aux Canadiens français en particulier parce que, dans la guerre actuelle, pour la première fois depuis soixante ans, Français et Anglais combattent côte à côte en Europe, c’est ouvrir la porte aux plus dangereuses éventualités. Si l’on pousse les Canadiens français dans cette voie, de quel côté seront-ils le jour où l’Angleterre sera de nouveau l’ennemie de la France, comme elle l’a été pendant sept siècles, comme elle l’était encore aux jours de Fachoda ? — (Cf. le Devoir du 15 septembre.)