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LA STATUE DE MERCIER

du pays, lui qui là-bas connaît tout le monde, à se faire décerner une deuxième médaille. C’est à quoi se résume jusqu’ici le succès de cet artiste comme il y en a peut-être trois mille à Paris.

Entre lui et Laliberté, cependant, c’est lui qu’on a choisi. Laliberté, depuis des années, caressait cette idée d’un monument à Mercier. Fils du peuple de chez nous, et tout imprégné de l’amour de sa race, c’est avec son cœur, c’est avec toute sa sensibilité qu’il nous eût façonné la figure du grand patriote. Mais on n’a pas voulu lui donner cette joie ; on l’a volé de son rêve d’artiste.

M. Chevré se trompe s’il croit voir, dans les critiques formulées sur ce sujet, une attaque contre sa nationalité.

On ne lui en veut pas d’être Français, loin de là. On constate seulement qu’il n’est pas Canadien, et l’on ajoute que, n’étant pas Canadien, n’ayant pas vécu de notre vie, ne partageant à aucun degré nos sentiments, il ne saurait voir dans le monument Mercier que l’occasion d’une belle commande. Personne, que nous sachions, n’a jamais voulu dire autre chose.

Après cela, que le Canada accueille ici les Français comme Paris a accueilli quelques Canadiens ; que le gouvernement de la province de Québec achète des toiles aux artistes français comme le gouvernement de la République en a