Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
MON ENCRIER

sommeil ; ils se sentaient étouffés sous des montagnes de journaux, ils rêvaient que nous avions barbouillé d’encre leur visage impudique. M. Turgeon prétend qu’il y a une justice immanente ; il a raison.

Mais il se fait tard, et les rues ne sont plus très sûres, en ces parages, passé deux heures du matin. C’est ici que trois malandrins, certain jour de l’année dernière, laissèrent pour mort ce pauvre P.M.B., l’ayant pris pour le directeur du Nationaliste.

Je vais maintenant m’en aller.

Mais ce ne sera pas sans avoir jeté un dernier regard sur ces choses misérables parmi lesquelles nous avons vécu si longtemps. D’autres destinées attendent le Nationaliste rue Saint-Jacques. Il y deviendra probablement un grand journal, et il y possédera avant longtemps un local presque somptueux. Je ne crois pas, cependant, que ces nouveaux murs abritent jamais plus de contentement, de bonne humeur et d’entrain, ni qu’ils entendent jamais de plus francs éclats de rire, que n’en ont connu nos vieux bureaux de la rue Sainte-Thérèse…