Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome I, 1922.djvu/93

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.
78
MON ENCRIER

des heures pour une affaire de cinq sous que le premier venu de leurs collègues anglais règlerait en trois minutes. Juste conséquence du discrédit qu’ils se sont attiré par leur paresse persévérante, leur ignorance abjecte, enfin leur manque de dignité.

Il n’est pas jusqu’aux ministériels anglais qui ne leur témoignent, en toute circonstance, un mépris à peine déguisé…

Tout à côté de la Chambre d’Assemblée se trouve une vaste salle que l’on appelle la chambre 16, et qui est censée appartenir au groupe entier des ministériels. Eh bien ! entrez là quand vous voudrez ; trois fois sur quatre vous n’y trouverez pas un seul de nos députés. On leur a fait comprendre depuis longtemps que là n’est pas leur place… Ils seraient sûrs d’y paraître importuns à leurs propres collègues. Et puis, il se passe là, souvent, des choses dont la nature leur échappe, mais auxquelles ils sentent que leur présence n’est pas indispensable. C’est en cet endroit que les coulissiers, qui y pullulent, se livrent — le soir de préférence — à l’accomplissement obscur de leurs rites. Mystères qui dépassent, pour l’instant, l’entendement du député de chez nous ; auxquels il se contentera de donner, plus tard, la consécration muette de son vote, mais qui lui inspirent d’avance et comme d’instinct un respect profond. Il est trop discret