Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/12

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Et puis, il y a le deuxième quelque chose que nous avons indiqué…

Il y a la question pécuniaire.

Voyez tous nos braves Canadiens qui, après avoir songé à s’engager dans la carrière des lettres, se sont résolus à se faire journalistes, avocats ou médecins. Demandez-leur pourquoi, alors qu’ils pourraient produire de vraies œuvres d’art, ils laissent dormir ou mourir leurs talents, pourquoi ils ne font rien du tout de ce qu’ils pourraient le mieux faire…

Tous vous répondront : « Il y a le pain quotidien. »

⁂ Ce fut notre réponse aussi aux amis qui nous demandèrent pourquoi nous avions écrit ce roman populaire.

Il faut avant tout gagner sa vie…

⁂ Ce livre n’est pas pire que les neuf-dixièmes de nos ouvrages canadiens les mieux cotés et dont les auteurs, pour que la justice se fît complète, devraient être condamnés à effacer leurs manuscrits avec leur langue, — tout comme ces détestables poètes de l’ancien temps dont on vous a conté l’histoire.

Cependant, nous ne le signerons pas.

Nous ne croyons pas avoir là-dedans échappé la plus insignifiante parcelle de nous-même, avoir fait la moindre chose propre à indiquer que cela ne pouvait pas provenir du cerveau de n’importe qui.