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La Porte Saint-Louis me fait songer à l’entrée orgueilleuse de quelque forteresse invisible… Le contraste est joli des remparts lourds et des robes légères volant sur les carrés du tennis… Au-dessus de la muraille, les toits aux mille formes bizarres se chauffent au soleil… Les clochers dans l’azur impressionnent… (P. 69.)

Elle n’a pas sitôt prononcé ce mot de « clochers » que son aimable compagnon saute à deux mains sur l’occasion :

Vous n’avez donc pas l’horreur des clochers ? la remercie-t-il du regard et de la voix. (P. 69.)

Conciliante, elle tente d’expliquer, d’arranger les choses…

Ils m’ont toujours émue, répond-elle doucement. Parfois la musique des cloches me donne envie de pleurer. Je désire que les clochers restent debout !… Ils parlent d’idéal… Quelque chose rayonne autour d’eux : ce doit être l’amour de ceux qui croient et qui les aiment ! (P. 70.)

Et notre bon jeune homme de lui répondre, sévère et digne :

Pour nous, c’est la présence universelle du Dieu que nous adorons qui les entoure… Je respecte votre incroyance. Mademoiselle… Mais je suis heureux que vous réprouviez ceux qui font taire les cloches et crouler les clochers !… (P. 70.)

« Ceux qui font taire les cloches et crouler les clochers », ce sont, tout d’abord, les gens comme Gilbert Delorme, le père de la jeune fille. Il ne le lui envoie pas dire ! Que voilà bien la vieille galanterie française !

Notez, s’il vous plaît, que cette austère conversation ne se tient ni dans un cimetière, ni dans une église, ni même dans un musée. Elle