Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Le docteur L… m’a dit que ces gens-là, pendant toutes les semaines qu’ils vécurent à Québec, n’allèrent pas à la messe une seule fois ! Est-ce vrai ?…

Le fils, l’air consterné :

— Je crois que c’est vrai…

— Tu le savais donc !… Pourquoi ne vont-ils pas à la messe ?…

— Parce qu’ils n’y croient pas…

— Ils sont donc athées !…

— Oui, mon père…

— LE SAVAIS-TU, QU’ILS ÉTAIENT DES MISÉRABLES ?

— OUI. (P. 192.)

Mais tout le dialogue serait à citer ; goûtez au moins ces quelques lignes encore :

— Eh bien ! tu ne les reverras pas, je te l’ordonne !… Tu les as trop vus, c’est déjà trop de honte !… Tu savais bien que les potins circulent à tire d’aile ici… Tout Québec sait qui ils sont, tout Québec en parle… On te pense amoureux de la jeune fille… TU T’ES COMPROMIS, TU T’ES AVILI, TU M’AS DÉSHONORÉ ! (P. 193.)

Sur quoi notre bon jeune homme, pris de confusion, répond en baissant la tête :

— Le reproche est bien cruel, mon père…

— Mais pourquoi as-tu fait cela ?… Dès qu’elle a blasphémé le Dieu qui est le tien, qui est le nôtre et celui de ta race, comment n’as-tu pas rougi de rester près d’elle ? À la fréquenter, tu aurais dû la haïr !… Mais non, au lieu de lui faire UNE BONNE LEÇON DE FOI CANADIENNE-FRANÇAISE, tu lui pardonnes, tu l’excuses, tu en fais ton amie, tu t’affiches au milieu de tout Québec, tu laisses croire à tous que tu l’aimes !… (P. 194-195.)

En vain le fils veut-il tenter une justification, une explication tout au moins : son papa ne lui en donne pas le temps :

— …Le Canadien-Français, au fond de toi-même, ne s’est donc pas révolté contre un pareil voisinage ?… Ils rougissent de toi, tous ceux dont le premier je t’appris