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À cette exhortation pleine de naturel, le fils de « l’industriel patriote » répond qu’il préfère s’en tenir, pour l’heure, à ses impressions de traversée. Aussi bien sont-elles, de beaucoup les plus vives qu’il ait ressenties de tout le voyage. C’est justement ce qu’il disait, au large de Belle-Isle, à la jeune Française…

— Qui était cette Française ? interrogea le père, un peu défiant.

— La fille de deux Parisiens ! répondit Jules Hébert… Le sort m’avait placé près d’eux, à table… Compagnons de la traversée, ils me la rendirent fort agréable… (sic) (P. 44.)

Ici l’on vit bondir « l’industriel patriote », encore plus « catholique » que « patriote » comme vous allez voir.

Ton langage me prouve que vous êtes devenus assez intimes, reprit Augustin, POURVU QU’ILS NE FASSENT PAS PARTIE DE LA BANDE HORRIBLE !… Les derniers journaux annoncent que le gouvernement sectaire se prépare à expulser les Sœurs de Saint-Vincent de Paul… Les lâches, les brutes !… Il ne leur reste donc pas d’entrailles !… Ce ne sont plus des patriotes qui gouvernent, c’est la haine ! C’est le régime des bourreaux despotes !… Oh ! ce n’est pas un doute sur toi que j’exprime. Je m’indigne, parce que j’en éprouve le besoin… Les sachant de concert avec ces gredins, tu n’aurais pas fraternisé avec ces Français !… Je te connais trop bien, tu es trop mon fils, trop Canadien-Français, POUR AVOIR ÉLEVÉ AU RANG D’AMIE, ne fût-ce qu’un jour, la fille d’un de ces gens-là !… (P. 44-45.)

Figurez-vous, maintenant, quelle rage sera la sienne lorsqu’il apprendra, plus tard, que ces Français sont bien en effet des « sectaires », des « gredins », et que son fils est leur ami ! Ce pauvre fils, ce qu’il se fait attraper !