Le médecin de Mistook et le rebouteur de Saint-Félicien ! Je ne dirai jamais assez combien, pour ma part, j’aime leurs figures candides et raisonnables, combien je suis touché de leur bon sens et de leur modestie. Ils ne possédaient, je crois bien, l’un et l’autre qu’une science assez médiocre. Du moins savaient-ils en apercevoir les limites et s’y tenir ; en quoi l’on avouera qu’ils ne faisaient point preuve d’une médiocre sagesse. Ayant pu dès longtemps mesurer tout ce que présente de difficile et d’incertain, d’obscur et de mystérieux, l’étude des phénomènes même les plus ordinaires, ils y avaient gagné, avec le doute salutaire, une heureuse défiance d’eux-mêmes et de leurs moyens. C’est le premier et le plus précieux éloge qu’on puisse leur adresser, c’est malheureusement, je crains, le dernier qu’on puisse faire de vous à l’occasion de votre récent travail.
J’ai beau chercher, en effet, parmi les écrivains et les savants de tout genre, du plus humble au plus illustre, je ne trouve personne qui, en présence d’un problème aussi grave et aussi complexe, ait jamais marqué moins d’embarras, ait eu jamais l’affirmation plus volontiers et plus facilement tranchante. Non jamais, je l’atteste, jamais auteur, à ma connaissance, n’avait encore montré, en un pareil sujet, autant de