d’exactitude dans le travail, de ponctualité dans les relations sociales, ou de rigueur dans la conscience.
Encore moins comprendrait-il qu’étant ainsi faits quant à tout le reste, nous ne portions pas dans notre langage également les marques de la même insouciance, du même laisser-aller, du même à peu près toujours…
C’est qu’en effet le langage n’est pas seulement l’expression plus ou moins exacte, le miroir plus ou moins fidèle, de notre personnalité. Il est pour chacun de nous, et à la lettre, ainsi que Buffon le disait du style, « l’homme même », avec toutes les qualités et tous les défauts de son esprit, de son tempérament, de ses nerfs et de sa sensibilité.
Il est l’homme même, et voilà pourquoi, mon pauvre Montigny, le mal dont souffre notre parler national n’est point du tout où vous l’avez cru voir, c’est-à-dire sur nos lèvres. Purs symptômes, en effet et encore une fois, que tous ces « anglicismes », et tous ces « barbarismes », et tous ces « solécismes », et tous ces autres ismes ! Le mal est en nous, et tous ces « solécismes », et tous ces « barbarismes », et tous ces « anglicismes », ne font que le révéler. Il est en nous, c’est le grand mal canadien, c’est le mal de l’à peu près.
II
Ne m’accusez pas, je vous prie, de trahir