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MON ENCRIER

n’est plus inconstestable que l’influence du physique sur le moral et de l’attitude sur le caractère, s’il n’est pour ainsi dire pas un trait de notre mentalité que n’annonce et que ne prépare un trait semblable de notre démarche ou de notre maintien. — d) Joignez encore, avec les conséquences infinies qui en découlent, notre éloignement de la mère-patrie… — e) Joignez enfin, en donnant à ce mot son sens le plus large, l’éducation, œuvre chez nous, depuis toujours et exclusivement, d’un clergé tout-puissant, qui, pour les fins de sa domination s’accommodant à merveille de notre paresse et de notre inertie, et d’ailleurs lui-même incliné par les mêmes circonstances aux mêmes habitudes, loin de songer à nous en tirer ne demanda toujours qu’à nous y pousser davantage encore et le plus profondément possible. Que ce calcul, pour inhumain qu’il paraisse dès l’abord, n’ait pas moins servi, en définitive, l’intérêt de la nationalité que l’intérêt du clergé lui-même ; que nous n’ayons précisément échappé à la conquête totale que pour être ainsi devenus des êtres passifs et en quelque sorte paralysés sous la main de nos pasteurs ; que ceux-ci, enfin, avec raison, n’aient vu d’autre moyen d’assurer la survivance du nom français en ce pays que d’immoler ainsi à la race une dizaine de générations, il se peut… Le fait que je constate n’en est pas plus niable pour cela, je pense.