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MON ENCRIER

cusable. Il ne l’était pas il y a deux jours, alors qu’à vos abstractions je ne pouvais, de mon côté, opposer encore que des preuves d’ordre purement logique. En vain, frappé d’une soudaine illumination, m’auriez-vous crié vous-même que toutes les vôtres ne valaient rien et que la chose n’était que trop visible. Car enfin, aurais-je pu vous répondre, comme l’abbé Jérôme Coignard à ce bon M. Rockstrong, « car enfin, qui me dit que je raisonne mieux que vous, qui raisonnez excessivement mal ? »

« Oui ou non, me trompé-je ? » Positivement obsédé par cette question, et de plus en plus impatienté, à la fin, de ne la pouvoir éclaircir, je résolus d’en aller demander la réponse, non plus, comme la première fois, aux hasards de la spéculation, mais bien seulement à l’observation directe des réalités, aux enseignements immédiats de l’expérience et des faits. En d’autres termes, je voulus, écartant provisoirement de mon esprit toute idée préconçue sur votre sysme, ne le plus considérer, pour l’heure, que dans son application, ne le plus juger qu’à ses résultats.

Justement, votre livre m’offrait pour ce dessein un champ d’investigation tout trouvé, et quel champ ! La Langue française au Canada, par M. Louvigny de Montigny. — Enfin ! me dis-je, avec un soupir de soulagement, en reti-