Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/33

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que vous le dites, mais ayez garde, Monsieur, que tout le monde, ici, ne comprendra pas cela. Il y a même grand danger que notre public prenne vos écrits tout à fait au pied de la lettre ; il ne saisit que très-difficilement les sous-entendus et il ne sait pas du tout lire entre les lignes. Donc, n’essayez point de vous faire entendre à demi-mot, et, si vous voulez sourire là où nous ririons, du moins que votre sourire soit pleinement ébauché.”

C’est à cette condition que vous nous serez vraiment utile. Ainsi vous pourrez encourager nos travailleurs de mérite, à qui vous renverrez un écho de leurs œuvres. Ainsi vous pourrez les protéger, en élevant au-dessus de leurs têtes — et des nôtres — ce parapluie dont je vous parlais tout à l’heure et dont ils ont si grand besoin.

Quant à votre littérature canadienne-française, c’est un beau rêve, Monsieur, dont on pourra, peut-être, entrevoir la réalisation dans une cinquantaine d’années, — une magnifique découverte dans l’avenir. Et, à moins que notre race ne soit destinée à disparaître de ce continent, vous aurez plus tard l’honneur d’être connu comme le précurseur de la critique canadienne. Vous l’aurez d’autant mieux mérité que votre foi robuste n’aura pas peu contribué, sans doute, à faire naître cette littérature dont